« Doc, je ne suis qu’un pauvre sportif du Dimanche.. ! » et alors ???

« le Vendée Globe, soit on le gagne, soit on le termine. Le reste, c’est de la littérature ! » Cette phrase de Sebastien Destremau, dernier « finisher » du Vendée Globe 2016, le 10 mars 2017 , résume à elle seule l’état d’esprit qui doit vous habiter lors de vos défis sportifs.

La semaine dernière, dans mon cabinet de médecin du sport, deux consultations ont particulièrement retenu mon attention.

La première concernait un « runner » de 46 ans, qui venait de terminer 3 semaines auparavant une course de 14 km, son objectif de l’année. «  j’ai terminé, je l’ai faite, mais j’ai fini comme une M … »« J’ai mis 2 heures pour faire 14 km, je suis vraiment nul »

La deuxième concernait également un coureur de 66 ans, venu pour recevoir des conseils afin de terminer son premier marathon, objectif d’une vie…

Ce qui m’a marqué, c’est que tous les deux m’ont fait la même remarque : « je ne suis pas sportif de Haut Niveau, ça ne va pas être passionnant pour vous, je ne sais pas trop si ma place est ici, devant vous qui avez l’habitude de suivre des sportif(ve)s professionnel(le)s .. »

Et bien à eux, à vous, à tous ceux qui pratiquent une activité sportive, quelle que soit l’intensité, la fréquence, la régularité, je veux répondre : détrompez-vous, ce qui me fait avancer au quotidien, aimer mon métier, renforcer ma passion, ce sont les gens comme vous.

La victoire n’est pas celle du premier, la victoire est celle du « finisher », de celui ou celle qui a atteint son objectif, accompli son rêve. Toute personne qui se donne la peine d’entreprendre un défi sportif,  a le droit et la légitimité d’être suivie avec attention et rigueur, d’obtenir des réponses adaptées à ses demandes et besoins,en mettant en oeuvre tous les moyens possibles, comme pour les sportifs professionnels.

L’ampleur de la tâche ne dépend pas de sa difficulté, de la distance parcourue, ne doit pas se comparer avec la performance des autres. Que l’on court à 9 ou à 15 km /h, que l’on gagne au tie break du 3e set contre une 30/2 ou en finale d’un tournoi, que l’on marque le but de la victoire pendant le temps additionnel en première division de district ou en Ligue des Champions, que l’on gagne le combat final du tournoi de son club ou du championnat de France, que l’on rentre un putt de 10 mètres pendant un Tournoi Majeur ou sur un parcours de golf du dimanche, la joie et la fierté ressenties sont les mêmes.

Atteindre son objectif, accomplir son rêve, n’est pas quantifiable, n’est pas mesurable. L’immense fierté que l’on ressent lorsqu’on a réussi suffit à régénérer le corps meurtri et à combler le mental épuisé.

Le Haut Niveau, ce n’est pas seulement le professionnalisme, s’entraîner 12 heures par semaine avec un coach, faire la sieste, entretenir son hygiène de vie, s’approcher le plus possible de la performance optimale.

Le Haut niveau, c’est aussi et surtout de pouvoir réussir son projet sportif, en s’entrainant du mieux que l’on peut, entre la gestion de son travail de sa famille, de ses problèmes, de sa maison … Trouver du temps pour entretenir et pousser son corps à l’extrême, au milieu de la pression quotidienne n’est-il pas aussi admirable que les exploits de sportifs dont c’est le métier ? qui-plus-est de sportifs ayant souvent 20 ou 30 ans de moins ??

Un de mes confrères avait répondu à une patiente qui souffrait de tendinite : « les coureuses du dimanche, ça se blesse tout le temps et ça devrait arrêter le sport ».., en lui faisant comprendre qu’il avait d’autres chats à fouetter que de s’occuper de ses problèmes. NON !

Chaque sportif à le droit au respect et à l’écoute. Rien que la démarche de prendre rendez-vous avec un médecin du sport pour être bien pris en charge doit être reconnue à sa juste valeur.

Je considère que mon rôle de médecin du sport est d’apporter à ces personnes le savoir qu’ils n’ont pas, les conseils qu’ils n’ont jamais eus, les traitements adéquats pour guérir leurs blessures, le soutien psychologique dont ils ont besoin, leur faire partager mes propres expériences de course, dans un seul but : le sourire et le frisson de la ligne d’arrivée, le plaisir intense de se sentir « en plénitude avec soi-même ».

Si vous avez atteint votre objectif, alors le mien est également atteint. Vous êtes toutes et tous à votre niveau, mais vous êtes toutes et tous sportives et sportifs et vous y prenez du plaisir, vous y trouvez un équilibre de vie, et c’est bien là l’essentiel !

Doc Brice Bellemans

« le plus grand danger pour la plupart d’entre nous n’est pas que notre objectif soit trop élevé et de la manquer mais qu’il soit trop bas et de l’atteindre » MichelAngelo

Un commentaire sur “« Doc, je ne suis qu’un pauvre sportif du Dimanche.. ! » et alors ???

  1. Macha dit:

    Merci. Ce sont des mots qui me touchent. En octobre 2016, j’ai terminé dernière d’ un trail de 12km. Il était difficile et je l’ai terminé. Le 5 mars 2017 j’ai fait un trail de 15km et jai terminé 296 sur 303 en 2h15.je suis contente de moi il était également difficile. J’adorerai que vous soyez mon médecin

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