IL FAUT BANNIR LE TERME DE « TENDINITE »

Le suffixe ite signifie « inflammation » or nous allons voir qu’une douleur au tendon, n’est quasiment jamais liée à un problème inflammatoire… 

Préférons donc le terme de « tendinopathie » ou de « tendinose ».

Qu’est-ce qu’un tendon ?

Définition

Structure anatomique assurant la liaison os-muscle.

Fonction

Transmettre la force créée par la contraction du muscle pour mobiliser une articulation.

Structure

Sur le plan macroscopique, le tendon est constitué de 3 parties essentielles :

  • L’Enthèse (son point de fixation sur l’os)
    Entre ce point de fixation et l’os, existe très souvent une « bourse séreuse », poche de liquide dont le rôle est de lubrifier cette zone pour améliorer le glissement.
    Ex : épaule > bourse séreuse (en bleu) juste au dessus du tendon du « supra épineux », appartenant à la coiffe des rotateurs de l’épaule.Enthese-épaule_tendiniteBourses sereuses du genou (en bleu) : sur le schéma ci-dessous sont représentées les nombreuses bourses sereuses du genou en regard des enthèses des différents tendons.Bourses séreuses-genou_tendinite
  • Le Corps tendineux (le milieu du tendon)
  • La Jonction téno-musculaire (la partie qui relie le tendon au muscle)
    focus sur la tendinite

Le tendon est entouré par une gaine, nommée « gaine synoviale » , contenant un liquide lubrifiant, la synovie, qui permet le glissement du tendon, comme une corde dans une poulie.focus sur la tendinite

Sur le plan microscopique, le tendon est constitué :

  • De fibres « collagènes » (solides) : 30 %
  • De fibres « élastiques » : 2%
  • de cellules tendineuses ( les ténocytes) qui se multiplient pour « réparer » le tendon , le tout dans un milieu acqueux (eau) : 68 %

Tous ces éléments vont alors « s’emboiter » les uns dans les autres , selon le principe des poupées russes, et côte à côte, pour former la structure complète du tendon :

focus sur la tendinite
la structure d’un tendon est donc solide, peu élastique, et hydratée

Propriétés d’un tendon

  1. Force de contraction
  2. Flexibilité
  3. Inextensibilité (qui permet la transmission de la force du muscle à l’os et à l’articulation)
  4. Résistance à l’étirement et aux forces de compression

Il en résulte que le tendon a un pouvoir d’adaptation aux différentes contraintes auxquelles il est soumis, par des processus d’ « auto réparation ».

L’entrainement est donc bénéfique sur la résistance et la structure tendineuse, s’il est adapté, régulier et progressif. Dans le cas contraire, on sera confronté au problème de lésion tendineuse.

Dans le tendon en lui-même 

  • Si la surcharge mécanique en fréquence ou en intensité est trop importante. Par exemple, un enchainement d’entrainements intensifs sans période de repos suffisante, ou une reprise d’entrainement pas assez progressive en durée et en intensité, ou encore une sollicitation importante du tendon alors qu’il est déjà en souffrance, etc.
    Le processus d’ « autoréparation du tendon » (cf. ci-dessus) va être mis à mal  et les fibres de collagène qui composent la structure solide du tendon vont être désorganisées.
    Cela va alors créer des pathologies du tendon à type de microfissure, ou de micro-rupture, d’épaississement, voire parfois de rupture complète.
  • La « maladie tendineuse » ainsi constituée peut ainsi être considérée comme un échec de réparation en réponse à un stress mécanique.
  • On ne parle donc plus de « tendinite » : le terme le plus exact correspondant à cette description est celui de Tendinose ou de Tendinopathie.
 

En dehors du tendon 

On va distinguer :

  • Enthésopathie : la pathologie en regard de l’attache (enthèse) du tendon sur l’os, souvent « fissuraire ». Elle est consécutive à des tractions répétées du tendon qui finissent par abîmer sa zone de fixation sur l’os
  • Péritendinite : La pathologie du pourtour du tendon. Dans ce cas on peut parler d’inflammation, car elle concerne l’enveloppe externe du tendon et la localisation est en général la zone entre le muscle et le tendon
  • Ténosynovite : c’est un épaississement de la gaine du tendon, lié à une augmentation de la quantité de liquide synovial et à une transformation « inflammatoire » de ce dernier, qui va entraîner un gonflement douloureux autour du tendon.les frottements mécaniques excessifs en sont en général la cause essentielle .

focus sur la tendinite

  • Bursite : c’est la transformation inflammatoire du liquide contenu dans la bourse séreuse (cf. ci-dessus), qui va conduire à une augmentation de volume de celle-ci et la rendre douloureuse.
    Ex : tendon d’Achillebursite - talon achille_tendinite  bursite - talon achille_tendinite

D’après l’étude du Dr Marie-Eve Isner-Horobeti, Service de Médecine Physique et de Réadaptation, CHU Strasbourg-Hautepierre

Phase 1 – inflammation : 3 Jours

Il existe bien une inflammation dans le processus de lésion tendineuse, mais celle-ci ne dure que 3 jours ! Même courte, cette période est capitale pour la suite et il faut la respecter, car cette inflammation initiale va permettre l’activation du système de réparation.

Que faire pendant cette période ?

  • Ne pas agir contre cette inflammation et donc NE PAS PRENDRE D’ANTI-INFLAMMATOIRES, ni en comprimés, ni en gel ou pommade !
  • Une simple application de glace 3 fois par jour pendant 10 minutes associée à un arrêt de la pratique sportive suffira.

Phase 2 – la réparation des cellules : de 2 à 4 semaines

Pendant cette période, la réparation démarre, avec la fabrication de fibres collagènes, l’augmentation de la circulation sanguine : il y a une prolifération de cellules et de micro vaisseaux au sein du tendon. Tout ce qui va favoriser la vascularisation du tendon va contribuer à cette réparation.

Que faire pendant cette période ?

  • Favoriser la vascularisation par les applications de froid, les massages (« transversal profond » par le kinésithérapeute), les ondes de choc, la mésothérapie et la mobilisation du tendon.
  • Autrement dit, IL FAUT RESTER ACTIF ( avec modération évidemment) pour guérir un tendon.

Phase 3 – la réorganisation et le remodelage du tendon : 6 semaines

focus sur la tendinitePendant cette phase, les fibres collagènes qui ont été re-fabriquées grâce au phénomène d’auto-réparation doivent retrouver un bon positionnement pour que le tendon retrouve un aspect normal.

Que faire pendant cette période ?

  • Suivre le même protocole que la phase 2
  • Compléter par de la kinésithérapie avec des exercices de type « excentrique » qui vont permettre le repositionnement des fibres collagènes.

Ex : le protocole de « Stanish » pour un tendon d’Achille

Si on additionne ces 3 phases essentielles, on arrive à une durée de 8 à 10 semaines pour récupérer un tendon normal après une « aggression physique » à type de tendinopathie.

On comprend mieux pourquoi il faut être patient quand on souffre d’un tendon !

Par définition, s’il existe une inflammation !

Comme nous l’avons vu plus haut, il n’y a que 3 cas pour lesquels les anti inflammatoires pourront être utilisés efficacement :

  • La péritendinite
  • La ténosynovite
  • La bursite

Autrement dit, les pathologies qui ne concernent que les éléments exterieurs au tendon en lui-même

Comment le savoir ?

Pour faire le diagnostic, il faudra consulter un médecin qui vous examinera et vous prescrira une ECHOGRAPHIE, examen de référence pour les tendons.

  • Forme orale (comprimés) : efficacité modérée, transitoire, et très variable (efficace pour une épaule, beaucoup moins pour un tendon d’achille par exemple) et risques pour l’estomac, le rein et le cœur : seulement sur prescription médicale, évitez l’ « automédication » !
  • Forme locale (gel ,pommade ou patch) : peu efficace globalement
  • Forme injectable : associés avec d’autres produits dans un mélange en mésothérapie (très efficace et sans risque, car jamais d’utilisation de cortisone)
  • Forme injectable en infiltration : cortisone uniquement, si possible sous échographie pour un meilleur guidage, et dans certains cas bien précis : bursites essentiellement, car le risque de rupture du tendon existe si l’infiltration est effectuée au mauvais endroit…

En résumé

  • Pour soigner un tendon, être patient oui, inactif non !
  • Appliquer de la glace oui, des anti-inflammatoires non !
  • Faire de la mésothérapie oui ! (cliquez pour en savoir plus)
  • faire de la kinésithérapie et auto exercices oui !

Ne jamais laisser s’installer une tendinopathie sans consulter son médecin ou, encore mieux, son médecin du sport car plus vite on se soigne, plus vite on reprend son activité sportive !

NB : dans cet article, je ne développe pas les techniques annexes pouvant être bénéfiques dans le cadre du traitement des tendinopathies comme les semelles orthopédiques, l’ostéopathie, l’homéopathie, la mésothérapie, les ondes de choc, etc. D’autres articles spécifiques y sont ou seront consacrés sur ce site.